Dans un communiqué de presse du 18 février, le BRGM a annoncé la publication des résultats du bilan sur le potentiel géothermique des outres-mer attendus par le gouvernement.
Car, dans les territoires ultra-marins, la géothermie profonde n’est utilisée qu'à Bouillante en Guadeloupe, dont on sait déjà qu'elle présente les plus fortes potentialités.
C'est pourquoi, afin d’accélérer le déploiement de cette source d’énergie locale en outre-mer, la Direction Générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) avait demandé au BRGM une étude exhaustive et pratique de l’état actuel du potentiel de la géothermie en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion, à Mayotte et à Saint-Pierre-et-Miquelon, des régions qui font parties des zones non-interconnectées (ZNI), c'est-à-dire, non reliées au réseau électrique métropolitain continental.
Ce bilan avait pour objectif d'apporter tous les éléments nécessaires à la rédaction d’un rapport sur les potentialités des outres-mer relatives à la géothermie à remettre au Parlement par le Gouvernement, conformément à l’article 107 de la loi n° 2023-175 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, dans le cadre de la Transition Énergétique.
Le rapport, rendu public par le BRGM ce 18 février dernier, établit un bilan des travaux d'exploration géothermique antérieurs et des exploitations existantes sur ces territoires, et présente les perspectives de développement et des recommandations pour accélérer le développement de la géothermie dans ces zones.
Ainsi, les études d’exploration géothermique menées par le BRGM dès les années 1995 à Bouillante en Guadeloupe, siège de la seule production ultramarine existante d’électricité géothermique, montrent de fortes potentialités additionnelles où plus de 50 MW électriques supplémentaires pourraient venir s’ajouter à la capacité de production actuelle, conduisant ainsi la Guadeloupe à produire plus de 30 % de ses besoins annuels d’électricité à partir de la géothermie profonde haute température, dès les années 2030-2035.
Si les travaux d’exploration géothermique de surface ont été nombreux sur les îles de la Martinique, de La Réunion et de Mayotte, des forages profonds d’exploration sont encore nécessaires afin d'estimer le potentiel géothermique des secteurs identifiés. Plusieurs sites d’implantation de forages d’exploration profonds pour produire de l'électricité ont déjà été proposés pour la Martinique et Mayotte. A La Réunion, malgré une histoire d’exploration remontant aux années 80, les zones d’intérêt avérées restent aujourd’hui à confirmer.
Toutes les zones qui hébergent également des systèmes géothermiques de basse température sur les îles de la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et Mayotte peuvent servir à différents usages directs de la chaleur (thermalisme, séchage de produits agricoles, etc.), ce qui serait un excellent complément à la production d’électricité et aux besoins divers en énergie de ces îles.
Il est à noter que le contexte des îles d’Outre-mer aux Antilles et à Mayotte n'est pas favorable au développement de la géothermie de très basse température sur pompe à chaleur. En revanche, le développement de technologies de rafraîchissement pourrait être intéressant sur certaines zones de La Réunion où une étude a été lancée.
Enfin, pour l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, pour lequel aucune étude d’exploration géothermique n’a été réalisée jusqu’à maintenant, le seul potentiel résulte du développement de la géothermie basse à très basse température pour la production de chauffage.
Ainsi, pour accélérer le développement de la géothermie et pouvoir envisager le développement de projets dans ces îles, il est primordial que des forages profonds soient réalisés rapidement, pour valider les résultats des travaux d’exploration déjà réalisés. De tels forages sont indispensables pour lever les incertitudes concernant les gisements et pour permettre une meilleure estimation du potentiel géothermique.
Il est également recommandé, en priorité, de procéder à des simplifications administratives des montages de projets et de mieux couvrir le risque financier de ne pas trouver de ressources exploitables (risque géologique par analogie au fonds de garantie existant en métropole), afin de soutenir les industriels du secteur qui s’intéressent au développement de ce type d’énergie dans ces îles.
La mise en place d’un fonds de garantie ou d’une aide financière pour des projets de production d’électricité en contexte volcanique, notamment pour réaliser des forages profonds dont le risque d’échec et le coût sont importants en début de projet, serait un atout pour le développement de ce type d’énergie, tout comme cela l’est pour la production de chaleur géothermique en métropole.
Enfin, la mise en place du Centre d’Excellence Caribéen de la Géothermie (CECG), en Guadeloupe, soutenu par les pouvoirs publics, qui va bientôt voir le jour, devrait permettre de fédérer tous les acteurs de la géothermie dans les îles, améliorer sa visibilité, accélérer son développement et promouvoir tous ses nombreux avantages sur les territoires ultramarins.
Communique de presse du BRGM du 18/02/2025
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